Joyeux Anniversaire Temple 1

Joyeux anniversaire Temple 1

  • Par Jean Willer Marius
  • Ancien consacré de l’Église Adventiste du 7e jour

C’est par le plus grand des hasards que je suis tombé aujourd‘hui sur un post souhaitant un joyeux nonante au Temple adventiste de la rue de la réunion à Port-au-Prince, haut lieu de l’adventisme en Haïti qui réveille  incontestablement en celui qui a eu le bonheur ou le malheur de le fréquenter des sentiments mitigés. Neuf décennies durant, ils ont proclamé haut et fort l’impressionnant message eschatologique des trois anges d’apocalypse 14. De nombreuses vies se sont données au Seigneur, synonymes d’âmes gagnées pour le ciel, de triomphe dans le grand conflit cosmique entre le Christ et Satan, et comme dans tout conflit, nombreux aussi ont signifié de fait leur allégeance au camp adverse en ne reconnaissant plus leur Seigneur (dans l’agir de ses représentants sur chaire). Néanmoins, apocalypse XIV est lu en ’puissance’ même à temple 1.

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a eu raison de cette vieille bâtisse qui abritait l’élite économique de l’œuvre adventiste haïtienne, elle a succombé sous la secousse, les vibrations, et de l’orgueil de ses occupants. La destruction du Temple 1 aurait pu assagir ses membres s’ils se laissaient guider par le christianisme pratique, véritable cri du cœur de cette armée de jeunes adventistes, force vive de l’église,  sorte de rempart ecclésial qui apporte toujours un souffle nouveau au mouvement quand les gérontes radotent à la saveur lexicale (grec hébreu) mal maitrisé et sans pratique pour bénéficier des bourses d’études du haut de leur soixantaine alors que les jeunes professionnels triment dans la dévotion dominicale arrosée de misère où ils doivent en plus, se trouver de la devise étrangère pour s’acheter des insignes, transformant ainsi la maison de prière en un comptoir où tout est marchandisé, pour enrichir le maitre, dit-on le Blanc, en Haïti.

Qu’avons-nous fait pour ces jeunes à nos soins confiés par le Maitre ? Quel type de relations établissons-nous avec eux afin qu’ils ne se vautrent pas dans la corruption ? Combien d’écoles professionnelles avions-nous construites pour les aider à acquérir un métier même à crédit, pour pouvoir tirer leur épingle du jeu dans cette Haïti effondrée, sans se compromettre ? Pour qu’ils puissent avoir véritablement du pain sur la table, de l’argent dans leur poche afin qu’on ne leur propose la corruption, forme de facilité, parce qu’on a vu le sous-vêtement de leur pauvreté ? Je vois déjà les membres du comité qui s’asseyent, comme l’ancien sanhédrin Israël, sur le sort de cette jeune fille dont l’horreur des cent jours sans pain a eu raison de sa profonde conviction chrétienne et qui s’est laissée séduite par les avances de ce pourvoyeur païen, comme on dit, mais qui apporte le pain et l’instruction et tout le reste.

À quand le sanhédrin se réunira-t-il pour poser le problème social des jeunes en vue d’une prise en charge effective ? Si tout cela n’entre pas dans l’agenda du Blanc ou n’est pas conforme à la philosophie de l’œuvre alors il est grand temps de changer de blanc et de philosophie. Quatre-vingt-dix ans d’existence qu’avons-nous à inaugurer en termes de promotion sociale de nos jeunes ? Devrions-nous continuer à les exploiter ? Pierre, m’aimes-tu ? Pais mes brebis !

Trois millions de dollars américains pour la reconstruction d’un temple qui devra bientôt être fermé durant la période de persécution imminente qui devra faire irruption sur les fidèles observateurs du sabbat s’il faut continuer à croire au message que nous aimons et prêchons.

Trois millions de dollars américains pour la reconstruction d’un temple sur un terrain exigu qui ne peut contenir l’envergure du projet. L’État fixe des exigences architecturales, mais ne peut nous contraindre à maintenir nos droits et prétentions si nous comptons les céder pour l’acquisition d’un espace plus approprié. Ne faut-il faut pas obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ?

Trois millions de dollars américains pour construire un seul temple quand dans nos provinces, le sanctuaire est souillé par des animaux impurs alors que les frères chantent ‹‹ le monde passera ce superbe édifice un jour s’ébranlera ››. ‹‹ Tu ne mentiras point ›› a dit Jésus. Il n’y a même pas d’édifice.

Avant de m’attirer la foudre des templiers, précisons que je ne vise ici personne en particulier, mon cerveau de mathématicien a rapidement fait le décompte du montant des fonds extorqués par mission et fédération conjointes depuis maintenant quatre-vingt-dix ans pour enrichir le maitre nord-américain quand Jésus, le véritable Maitre a demandé aux riches de soutenir les pauvres. L’église est-elle à l’envers ?



À la piété qui s’offusquera peut-être ici en cette lecture inhabituelle, je rappelle que ni Jésus le charpentier ni Paul le faiseur de tentes n’ont jamais prôné l’œuvre d’ouvriers parasites.

Au zélote qui me traitera d’hérétique et m’enverra directement en enfer, je lui dis que ma seule ambition est de fouetter la conscience chrétienne, de soulever un débat sur l’essentiel aux dépens du superflu, de voir en chantier, dans le champ haïtien global, avec les fonds locaux et étrangers, des écoles de métiers pour les jeunes, des prêts sans gage pour le commerçant, des centres communautaires pour la personne âgée. Bref de rappeler que souvent, l’amour le salut peut s’écrire en termes d’un repas partagé avec nos condamnés.

La loi n’est pas contre de telles choses et que Dieu me vienne en aide si je m’y prends mal !

Bon sabbat