Choc Culturel doublé du Choc Religieux de l’Adventiste… du Nord

Choc culturel, doublé du choc religieux de l’adventiste fraîchement immigré en Amérique du Nord. par Jean Willer Marius

Depuis que Moïse a été appelé hors d’Égypte et que Joseph a été divinement averti par l’ange de sauver l’Enfant Jésus par la migration, le peuple de Dieu n’a cessé de migrer vers de nouveaux horizons où l’eau est plus froide, et, l’herbe plus verte. Les Haïtiens sont nombreux à déserter cet enfer qu’est devenu leur pays. Toutefois comme l’apôtre Paul l’a fait remarqué aux corinthiens, l’adventiste à mon avis, porte en lui un trésor dans un vase de terre, et où qu’il soit, là où il va, il continue de servir. D’adorer. Car, dans sa croyance, c’est pour cela qu’il a été créé.

Les pasteurs migrent eux aussi, en vue de se mettre plus proche de Dieu. La bataille pour être casé dans une conférence est alors de taille. Certains arrivent même à se tailler une place au soleil, en mettant d’autres à l’ombre. Le nouvel immigré adventiste est frappé par tant de différences. Il vient d’un pays où on a peur de Dieu, où on veille sur sa conduite son manger sa mise. Où l’on néglige pour plaire à Dieu : femme, biens, rang. Pour se retrouver dans un univers libéral où tout le monde fait ce qu’il veut au nom du dieu «dollar».

C’est ainsi que nous avons en Amérique du Nord, beaucoup d’églises haïtiennes, car dans les églises blanches les petits Haïtiens sont Elisha, Isaia, ne parlent que l’anglais et ne peuvent trouver mieux que des postes de «usher». Ainsi dire que l’Église elle-même n’arrive pas encore à faire le mariage des couleurs pour un tableau parfait avec les reflets du ciel ? Dès lors, les plus zélés, souvent une, deux familles proches se mettent ensemble pour former une église. Quand ils ont besoin d’un pasteur, car jusqu’ici notre église n’admet pas que l’ancien, comme la Bible le déclare, soit lui aussi un pasteur apte à officier dans tous les services. La conférence envoie de fait un pasteur pour veiller sur les fonds du troupeau : l’œil du maitre qui engraisse l’animal.

Le pasteur, payé par l’église ne peut donc pas prêcher selon sa conscience. Il subit une pression constante de la conférence pour atteindre le quota de dime et d’offrandes. Un témoigne : le cas de pasteur Abdonel Jean Philippe très respecté et très aimé en Haïti, qui maigrit et peine sous la férule de sœur Dala de l’église Adventiste Eben-Ezer (New Jersey), qui détient un droit de parole ad nauseam pour être la patronne des lieux, à effectuer correctement sa job. Ceci, au cours d’un programme de (40) jours de prière dont la programmation s’harmonise parfaitement avec les différents quarts de travail afin que tout le monde puisse avoir la possibilité de verser au fonds du Trésor, et qui devrait se terminer au sabbat matin. Vu que l’objectif de la recette n’a pas été atteint, le pasteur convoque l’église, dans l’après-midi, pour apporter une offrande de paix ; en omettant bien sûr de chanter au programme : « Oh vous qui n’avez pas la paix, venez Jésus la donne… ».

Le schéma social des classes se retrouve aussi dans l’église. Dans les agapes fraternelles, l’élite, constituée par ceux qui ont un bon boulot, une belle voiture, vêtement d’apparat, et qui signent des chèques dans le sanctuaire même, se réunit dans une salle à part, « self-service » de mise et repas copieux. Tel le soldat romain, sœur Dala white veille au grain. Vous ferez mieux de passer outre si vous ne voulez pas essuyer ses remontrances. La classe moyenne vient immédiatement après, identifiée par un menu différent, leur nourriture est mise dans une boite et la livraison est assurée par les membres du corps diaconat. Et finalement, il y a là, la longue file des gens du peuple qui se bouscule pour avoir leur riz et gros pois aux légumes. Croissez multipliez les pains… !

Cette Église ne dispose pas d’un temps convenable pour étudier la leçon, il est consacré à la promotion du ramas d’argent pour le programme « bâtissons le temple ». Notons que ce fonds se ramasse depuis bientôt (25) ans et à chaque fois, il est commercé entre les membres les plus influents de la famille et le peuple continue de verser. D’apporter à la maison du trésor toutes les dimes, toutes les offrandes. L’adventiste fraîchement immigré est ébahi devant le mensonge qui règne dans le temple où presque tout est faux : les ongles, les cheveux, les cils, etc. Tout ce qui était banni chez lui est permis ici, là où la loi du billet vert prévaut. Les moniteurs n’ont pas le temps de réviser la leçon, et le sabbat matin, il raconte à qui mieux mieux, vu que c’est le nombre de zéros de leur compte en banque qui leur confère ce grade. Tout ce faste ne rayonne pas sur Beraka, petite église à deux coins de rue d’Eben-Ezer avec seulement dix adorateurs, et avec le même pasteur.

Des interrogations de toutes sortes ravagent son cerveau chrétien non encore atteint. Il connait les réponses pour avoir étudié à fond la Bible en Haïti, parce que le temps là-bas c’est une ressource qui coule à profusion vu qu’il n’y a aucune école professionnelle pour les jeunes, construites avec leur argent, bien que l’on continue de leur extorquer hebdomadairement de l’argent. Mais, il ne peut pas donner les réponses parce que c’est un « just come » ignorant comme si une job et une voiture avaient le pouvoir de vous transformer en intellectuel.

Il n’a pas le choix de se chercher un job au SMIC pour se payer sa carte d’autobus, son épicerie et son loyer après avoir prélevé la dime et les offrandes, acheter son questionnaire, etc. Sauf que, ne connaissant pas l’anglais, il doit aussi réserver un fond pour faire remplir ses papiers d’immigration parce que, contrairement aux églises hispaniques de la place, l’église adventiste haïtienne n’offre pas ce service gratuitement.

Dépaysé déboussolé dans cet environnement host…, il reste parfois chez lui, fatigué d’entendre cet étalement de gloire qui a depuis longtemps remplacé le culte d’adoration. Par habitude, besoin communautaire, le sabbat qui suit, il y retourne. Bien qu’il n’ait manqué à personne et reconnaisse finalement que : nul ne peut servir Dieu et l’argent !


original : JWM-Magazine