Lettre ouverte de la Jeunesse Adventiste d’Haïti à la Fédération des Adventistes du 7e Jour d’Haïti.
Demandons à la Conférence Générale des Adventistes du 7e Jour de poser un moratoire de cinq ans sur le prélèvement de la dîme et des offrandes en provenance d’Haïti.
Chers Dirigeants responsables,
Voilà un an que nous avions instruit une série de démarches auprès de votre administration vous demandant de prêter attention au pauvre sort de la jeunesse, cette force vive de l’église qui aujourd’hui crève de faim et flirte dangereusement avec la misère et l’indignité. À ce jour, nos cris, depuis affaiblis par cette faim tenace, ont été étouffés dans vos luxueux bureaux et rien de concret n’a été constaté, sinon le dépérissement de nos valeurs. Votre silence est ainsi diversement interprété. Certains y voient un désengagement et d`autres un égoïsme, genre : mon avenir et celui de mes enfants légitimes sont assurés alors tout va bien. Et justement rien ne va.
Haïti s’effondre sous nos yeux, l’espoir en vue d’un lendemain meilleur s`évapore. Nos prières sont restées inexaucées, car la foi dépourvue d’actions concrètes en vue d’un changement radical est inefficace. La jeunesse qui n’a pas une conscience éclairée par la Bible, sans aucune prétention de juger leurs actions, se prostitue en plein jour au vu des passants et vous en êtes témoins pour avoir à sillonner, dans vos grosses voitures, les rues délabrées de la capitale sale, jonchée de cadavres et d’immondices quand la guerre des gangs de rue n’oblige pas tout simplement tout le monde à rester cloîtré chez soi pour des jeûnes répétitifs involontaires. Devrons-nous, nous aussi, nous mettre à ce commerce ? Non, c’est un crime que l’Éternel abhorre. Pourtant vous ne nous laisserez pas d’autres choix si vous continuez à persévérer dans ce mutisme coupable. Et notre sang vous sera redemandé, car Jésus a dit : donnez-leur vous-mêmes à manger.
Nous appelons aujourd’hui à une démarche humanitaire et vous enjoignons comme cela se fait dans les églises nord-américaines lorsqu’elles ont un projet d’envergure de type : rénovation de temples, l’achat de matériels sonores, de demander un moratoire de cinq ans à la conférence générale sur le prélèvement de la dîme et des offrandes en provenance d’Haïti pour cause d’effondrement de l’économie dû au chômage des jeunes. Cette recette servira à l’érection de cinq grands centres professionnels avec des options diverses dans les différentes missions du champ haïtien où une faible cotisation sera réclamée. Des plats chauds à coût modique seront distribués, donc sans but lucratif. Entre-temps le bien-aimé frère blanc continuera en souvenir des recettes du siècle passé, à payer le bien-aimé Pasteur haïtien et à distribuer gratuitement la page imprimée sur tout le territoire du champ haïtien. Par cette démarche, l’église sera plus fidèle et ce ne sera plus à contrecœur que les fonds en provenance de frères et sœurs d’autres pays seront versés à la vraie maison du trésor pour aider nos jeunes à s`affirmer dignement. En plus d’être un puissant moyen d’évangélisation, ce sera aussi un service rendu au pays, car les centres professionnels seront ouverts à tout le monde.
Faites-leur comprendre, si vous en avez l’étoffe, si l’appât du gain ou le maintien de votre position ne vous assagissent, dans cette requête que vous aurez à leur adresser et dont la preuve nous sera acheminée; qu`il ne s`agit nullement d’une démarche d’assistanat, mais une réclamation de ce qui nous est dû.
Dieu ne nous a pas créés pour être seulement des percepteurs d’impôts pour le maître blanc, mais pour être des sentinelles qui veillent constamment sur le bien-être du troupeau, pour le faire paître en le conduisant vers des prés d’herbes fraîches. La seule question à laquelle tous les dirigeants devront répondre en ce sabbat 13 juillet 2019, jour de liberté, dans les discussions de classe sur la leçon qui nous demande de nous occuper de ceux qui sont dans le besoin est celle-ci : Pasteur responsable, si notre église est riche, pourquoi alors nous sommes si pauvres ?
Merci à l’ancien Jean Willer Marius qui nous a une fois de plus, prêté sa plume.
Juillet 2019